L'anticipation de te revoir encore
Vient, comme le poison, s'instiller dans mon corps.
Mais un trouble plus grand, lentement, m'envahit.
Je ne connais pourtant la raison de ceci.

Il s'agit bien de peur, est-elle inexplicable ?
Ai-je, pour mon malheur, enfanté une fable ?
Et mon esprit tordu, pour mieux me berner,
Mit-il devant mes yeux un mirage d'été ?

Car comment se fait-il, sans que je ne le veuille,
Que mon esprit perdu sombre dans cet écueil :
Car, quand je ne t'ai vue, par malheur, qu'une fois,
Tu es bien devenue source de mes émois.

Et alors que tu es si loin de ma vision,
Mon cœur reste tout près, contredit le dicton.
Alors que ton souvenir hante mes pensées
Nos lèvres n'ont encore échangé de baiser.

Ce qui me cause enfin cette intense détresse,
Ce qui, dans mon esprit, par avance me blesse,
C'est la vile idée que, par comble de malheur,
Il n'y aurait pour moi plus de place en ton cœur.

Mais t'ai-je idéalisée, ne pouvant te voir ?
Et m'as-tu par la pensée mis en ton pouvoir ?
Toi-même, ne m'ayant vu qu'une seule fois,
Sais-tu, me revoyant, ce que tu penseras ?

Tous ces troubles pourtant sont vite balayés
Par la flamme du désir qui m'a embrasé.
Tu es celle qui provoque cette brûlure.
Qui mieux que toi, dès lors, mérite ma morsure ?

Nicolas da Luz Duque